Musique

Interview de Skip Skip Ben Ben

C’est entre Taiwan et la Chine que Ben Ben, Lin I-Le de son vrai nom, a construit sa carrière. Après avoir pris part à Boyz & Girl et Carsick Cars, l’artiste a lancé le projet lo-fi / shoegaze Skip Skip Ben Ben en 2009, accouchant d’un premier album No-Fi, No Fiction l’année suivante. Et pour faire suite à la sortie d’un deuxième album, Sacrifice Mountain Hills, en novembre 2012, voici une petite rencontre avec Ben Ben, qu a pris un peu sur son temps de repos suite à la récente tournée du groupe, afin de vous présenter rapidement Skip Skip Ben Ben.

Bonjour et merci d’avoir accepté cette interview. Pouvez-vous vous présenter pour les personnes qui ne vous connaissent pas ?

La plupart du temps, la musique, même quand elle est bonne, honnête et correcte, est tellement artificielle que ça me donne envie de vomir. Mais de temps en temps, de petites choses surviennent inopinément pour vous rappeler qu’il y a en fait une distinction. La musique de Skip Skip Ben Ben est comme un bonbon sucré avec du poison à l’intérieur.

Skip Skip Ben Ben est une sorte de groupe « patchwork ». Parlez-nous un peu des différents membres du groupe et de leurs carrières respectives.

Le bassiste Zhou Nairen est un designer d’architecture du paysage. Le batteur Sun Heting écrit des articles pour un magazine. Moi, je ne fais que vivre de la musique et travaille sur d’autres arts comme la peinture et la photographie.

Quand et pourquoi avez-vous décidé de créer Skip Skip Ben Ben ?

Et bien, en 2009, au tout début, j’étais sur mon Macbook. J’ai commencé à enregistrer ma propre musique improvisée. Il m’a fallu un mois pour enregistrer 13 chansons et j’en ai donc fait un album. Ce fut le premier album de Skip Skip Ben Ben, intitulé « No-Fi, No Fiction ». C’est du lo-fi et j’ai utilisé du D-cord tuning.

Votre nom, « SKip Skip Ben Ben », vient en partie d’un morceau du célèbre groupe japonais Judy and Mary. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ? Qu’est-ce que représente Judy and Mary pour vous ?

C’est juste parce que ça me rappelle mon enfance et le plaisir de l’écoute de la musique. Nous aimons tous la musique, mais quand vous faîtes de la musique, vous comprenez que l’écoute de la musique n’est pas la même chose que celle d’en profiter. Vous avez plus de pensées, plus de détails, et vous oubliez les sentiments que vous aviez lorsque vous étiez jeune. J’utilise donc des chansons de Judy and Mary pour me rappeler de ne pas oublier le sentiment pur de la musique.

Ben Ben 斑斑, il me semble que vous venez d’une famille de musiciens (parents). Pouvez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet ? Vos parents vous ont-ils influencé dans votre musique ?

Ma mère était professeur de piano durant les années 80 et mon père était un chanteur de gospel professionnel des années 80 jusqu’aux débuts des années 90. Il a eu besoin de voyager énormément dans le monde entier.

Oui, ils aiment tous deux l’art et surtout le jazz, le blues, la musique latine, la musique classique, et même un peu la musique pop américaine. Ils m’ont vraiment influencé par la connaissance et l’écoute de tant de sortes de musiques différentes venant du monde entier depuis que je suis enfant.

La musique du groupe est très caractéristique. Pouvez-vous nous parler de votre univers musical ? Comment travaillez-vous pour créer cet atmosphère ?

C’est surtout influencé par le groupe « My Bloody Valentine », ainsi que par certains de mes autres groupes préférés. J’aime faire dans le même temps du bruit et une douce mélodie, de sorte que ça ne soit pas trop agressif.

Vous utilisez beaucoup la technique de la réverbération dans vos morceaux. Pourquoi utiliser cette technique ?

Comme je l’ai dit, concernant la chose agressive, je pense que la réverbération peut rendre le tout plus flou et doux, c’est donc une technique très important pour la musique de Skip Skip Ben Ben.

Parlez-nous un peu des des sujets que vous abordez dans vos chansons et de vos inspirations.

Ils viennent tous de situations normales, toute ma musique vient de mes expériences de vie et de mes émotions.

Comment travaillez-vous sur la création d’un morceau ? Parlez-nous un peu de processus créatif.

J’utilise une méthode d’analogie textuelle pour faire de la musique. Je n’aime pas trop les récits simples. La musique et le texte peuvent être de différents esprits ou synonyme d’un symbole affectif.

Quels sont les artistes que vous aimez / qui vous influencent ?

Et bien, du blues et du jazz des années 30 à 50, les Beatles, les Doors, les Rolling Stones, CAN, les Beach Boys, My Bloody Valentine, the Velvet Underground, Pavement, Stone Roses, Bob Dylan, John Lennon, vous voyez, donc de nombreux très bons groupes.

Le Live House D-22 à Beijing (maintenant fermé), dans laquelle le groupe s’est produit, était un haut lieu. Pouvez-vous nous parler un peu de cette salle de concert ?

J’y suis allée en 2010, c’est un endroit vraiment cool. Le propriétaire, Michael galettes, était aussi le patron du label Maybe Mays. Il soutient vraiment les musiciens. Le -22 était un endroit vraiment underground comme le CBGB à New York, où beaucoup de gens qui aime la musique rock ‘n roll doivent avoir beaucoup de souvenir de là-bas, tout comme mes souvenirs de l’Underworld, qui est un lieu cool à Taipei, mais qui a aussi fermé le 15 juin 2013., c’est triste.

Quelles sont les différences avec la scène musicale de Taipei / Taiwan ?

Taiwan et la Chine sont deux endroits différents avec de chaque côté le capitalisme et le socialisme, soit deux environnements différents qui créent des nationalités différentes, tout comme les conditions géographiques. La même génération est différente entre la Chine et Taiwan, mais pas dans le sens qu’ils sont bons ou mauvais. Mais je crois que Taiwan est plus adapté pour se détendre et profiter de la vie.

La musique chinoise commence à vouloir s’exporter (en particulier les artistes taiwanais). Pensez-vous que la musique chinoise puisse avoir une vraie visibilité hors de l’Asie ou des communautés asiatiques ?

Je crois que l’art et la musique chinoise sont en mesure de s’exporter de l’Asie vers le monde. Mais malheureusement, ce n’est que mon opinion à ce sujet, il n’y a aucune espérance à avoir, même si cependant, grâce aux efforts de certaines personnes, peut-être que cette vision peut progressivement devenir meilleur.

Aux personnes qui vont vous découvrirez avec cette interview, quel morceau / album leurs conseillerez-vous comme le plus représentatif de votre univers pour débuter ? Ou tout simplement votre morceau préféré ?

Je recommande les morceaux « Last Night », « La’ Lasta », « Do not ask me why » (NO-FI, NO FICTION).

Pour terminer, avez-vous un message pour vos auditeurs français ?

« Life is short and fragile ».

Remerciements à Ben Ben pour sa disponibilité et à Lolly pour son aide.
Si des tournures de phrases ou des points vous semblent bizarres n’hésitez pas à me le signaler.

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